On avait convoqué un petit bout de l’humanité toute entière, cent trente-neuf millions d’âmes, oui je dis bien cent trente-neuf, tassées comme des allumettes entre la vaste Place de la Concorde et le Jardin des Tuileries. De l’Obélisque jusqu’aux balustrades, il n’y avait plus un souffle d’air, seulement la chaleur collective de l’attente.
Alors, dans un silence étonné, apparut Dieu.
Non pas sous la forme d’un tonnerre ou d’un buisson ardent, mais escorté d’une énorme machine à pince, de celles qui, dans les fêtes foraines, s’entêtent à saisir des peluches bon marché.
Le bras descendit lentement, en tremblotant.
On savait tous que la pince était lâche, molle, incertaine, et que mille fois elle se refermerait dans le vide.
Mais voilà qu’un bruit métallique retentit : clac.
Un destin venait d’être saisi.
Prudemment, comme s’il portait un oiseau blessé, Dieu ramena la pince au réceptacle.
La foule se pencha, haletante.
Et là, sous l’éclat pâle du néon divin, on vit émerger… Septimus, un homme étonné, cueilli comme une peluche rare dans le cosmos du hasard.
Il venait de gagner le gros lot à l’EuroMillions.
(Attention, ceci est divagation poético littéraire, et non point réalité. N’empêche que la probabilité de gagner à EuroMillions est effectivement d’1 chance sur 139 millions. Hum hum)
